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Visite de la collection permanente d'art ethnographique du MRAC

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Musée royal de l’Afrique centrale

Visite des collections ethnographiques avec Galerie Loiseau & Zajega Arts

Loiseau & Zajega vous font découvrir aujourd’hui la collection permanente d’objets ethnographiques du Musée royal de l’Afrique centrale. Faute de pouvoir le visiter en cette première moitié d’année 2020, appréciez une sélection d’objets de République démocratique du Congo, d’Angola et de Zambie grâce à notre reportage photo. Cet article fait suite à la visite de l’exposition temporaire “Art sans pareil” que nous vous proposions en octobre dernier.
Pensez à cliquer sur les images pour les agrandir.

Statues du culte des ancêtres

Les statues d’ancêtres expriment la sagesse et la force spirituelle de l’ancêtre qui veille sur sa descendance. Elles occupaient une place centrale dans les offrandes et les rites visant à attirer les faveurs des ancêtres. Elles étaient également utilisées pour légitimer le pouvoir du chef ou confirmer son autorité sur un territoire.

  • Statue d’ancêtre Bembe EO.0.0.14798
    Baraka, Sud-Kivu - Cordia africana
    Offerte par M. Piletteo, 1913
    Cette statue représente un ancêtre Luba. La barbe et la coiffure en croix indiquent un statut social élevé.

  • Statue d’ancêtre Hemba EO.1992.28.1
    Sayi, Tanganyika - Milicia excelsa
    Offert par R. Boël, 1992
    Cette statue est l’oeuvre d’un artiste Hemba. Les mains symbolisent la succession des générations.

  • Statue d’ancêtre Kipona Hemba EO.1972.171
    Province du Katanga - Pterocarpus tinctorius
    Achetée à E. Deletaille, 1972

Les peuples Bembe attribuaient aux statues d’ancêtres un nom et une place dans l’arbre généalogique. Généralement, elles étaient conservées ensemble dans de petits sanctuaires.

Statues tombales Yombe

Au début du XXe siècle, des statues en bois hautes en couleur apparaissent sur les tombes yombe. Elles représentent un homme ou une femme tenant en main une bouteille et une tasse, voire un instrument de musique. Parfois, un parapluie ou un petit toit de bois et de feuilles de bananier les protégeait de la pluie.

  • Statue tombale Yombe : EO.0.0.1040-2
    Offerte pas H. Deleval, 1910

  • Statue tombale Yombe EO.1960.32.1
    Achetée à E. Beer, 1960

Entre la vie et la mort

En Afrique centrale, la mort est souvent considérée comme le passage du monde des vivants vers celui des morts. Les membres décédés de la famille y sont commémorés avec respect et déférence. Ils exercent un impact continu sur le bien-être des vivants, mais sont souvent imprévisibles.
Ceux qui ont mené une vie exemplaire et conçu une nombreuse progéniture acquièrent le statut d’ancêtres dans la mémoire de la société. Les ancêtres sont invoqués lors de problèmes divers, ou peuvent apporter la prospérité collective sous forme de pluie ou de succès à la chasse. Un ancêtre peut aussi se réincarner dans le corps d’un nouveau-né et revenir ainsi parmi les vivants.

Il émane de ces statues de l’autorité et de la dignité. Elles représentent probablement le chef tabwa Kansabala et son épouse, à moins qu’il ne s’agisse de leurs ancêtres. L’ajout de matières médicinales et de cornes d’antilope montrent que ces statues avaient également des fonctions protectrices. En 1884, ces statues ont été prises lors de l’expédition violente menée par le lieutenant Émile Storms à l’encontre des chefs tabwa Lusinga et Kansabala. Afin d’acquérir le contrôle de la région, Storms avait reçu l’ordre de soumettre les dirigeants africains à tout prix.

Jusqu’en 1930, ces statues se trouvaient dans la maison bruxelloise d’Émile Storms. Elles y figuraient parmi d’autre trophées témoignant de sa “victoire” sur les peuples tabwa.

  • Statue d’ancêtre Tabwa EO.0.0.31664
    Marangu, Tanganyika - Cola

  • Statue d’ancêtre Tabwa EO.0.31663
    Marangu, Tanganyika - Ficus mucuso
    Pièces saisies par Émile Storms en 1884 et offertes par sa veuve en 1930.

Seto et Nabo, statues des fondateurs Ngbaka

Ces statues représentent Seto et sa soeur et épouse Nabo, les père et mère originels des peuples Ngbaka. Seto et Nabo repoussaient les mauvais esprits et étaient invoqués en cas d’accident et de maladie, ou en cas de revers pendant la chasse.

  • Statue du fondateur mythique Seto Ngbaka EO.0.0.40032

  • Statue de la fondatrice mythique Nabo Ngbaka EO.0.0.40033
    Sud-Ubangi
    Pièces offertes par A. Bertrand, 1942

Masque et costume dans l’art africain

Un masque consiste en un masque couvrant le visage ou la tête, un costume et une chorégraphie. Ces éléments forment un tout indissociable mais sont rarement montrés ensemble en dehors de leur contexte d’origine. Avec leur goût de la sculpture figurative, les musées et collectionneurs occidentaux appréciaient surtout les qualités artistiques des masques faciaux ou couvrant la tête. Ils s’intéressaient moins aux costumes, notamment parce que ceux-ci étaient composés de matériaux plus périssables comme des fibres, des peaux et des plumes. Leur valeur artistique n’était guère reconnue et ils étaient rarement collectionnés.

  • Masque et son costume Kete EO.0.0.32538
    Mboie, Kasaï-Central - Vitex congolensis
    Offert par F. Wenner, 1930
    Les peuples Kete appartenaient au royaume Kuba et pratiquaient des rites funéraires complexes comparables. Ce masque dansait à la fin de la période de deuil, généralement un ou deux mois après le décès.

  • Masque Inuba Kuba EO.0.0.3704
    Kasaï-Occidental - Ricinodendron heudelotii
    Acquis avant 1898
    Le personnage d’Inuba intervenait lors des enterrements de chefs importants dans le sud de la région des peuples Kuba. Inuba approchait du cercueil et suppliait l’esprit du défunt de partir sans nuire à quiconque.

  • Masque Ishyeen imaalu Kuba EO.1951.31.213
    Kasaï - Ricinodendron heudelotii
    Acheté à R. Blondiau, 1951
    Ce masque dansait pendant les enterrements de membres de l’association des Babende. Les yeux en caméléon exorbités évoquent peut-être la capacité à voir l’invisible.

  • Masque Bongo Kuba EO.0.0.35309
    Kasaï-Occidental - Ricinodendron heudelotii
    Offert par H. Lambert, 1933
    Ce masque représente probablement Bongo, un personnage lié à l’association fermée des Babende. Les mouvements abrupts et débridés que le danseur masqué effectuait pendant la performance évoquent ses liens avec les ngesh, des esprits qui erraient dans la forêt.

Chaises européennes, images africaines

Les commerçants Chokwe reliaient les comptoirs européens de la côte aux peuples de l’intérieur du pays. Ces contacts donnaient aussi lieu à des échanges culturels et artistiques. Au XVIIIe siècle, les artistes Chokwe se sont mis à fabriquer des chaises d’inspiration portugaise. Elles sont devenues par la suite de véritables symboles de pouvoir.

  • Chaise Chokwe EO.0.0.20594
    Kasaï - Vitex donania
    Offerte par N. Arnold, 1917
    Cette chaise appartenait à un chef Chokwe. Les personnages qui ornent le dossier représentent des danseurs masqués.

  • Sceptre et tabatière Chokwe EO.0.0.41233
    Sandoa, Lualaba - Uapaca
    Acheté à Mrs R. Williame, 1945

Chez les Luba, les tabourets sont principalement utilisés pendant l’intronisation des chefs et des rois. Ils sont censés contenir l’esprit du chef politique et le protéger après sa mort. Le personnage sculpté représente la femme luba idéale.

  • Tabouret Luba EO.0.0.23137
    Ankoro, Tanganyika - Ricinodendron
    Acheté à F. Michel, 1919

Pendant leur intronisation, les chefs luba buvaient une boisson rituelle dans cette coupe. Les deux personnages qui tiennent la coupe représentent des esprits protecteurs. Les lézards qui ornent le couvercle rappellent les esprits terrestres que le chef devait garder sous contrôle.

  • Coupe Kiteya Luba EO.0.0.3861
    Tanganyika - Schinziophyton rautanenii
    Acquise avant 1898

Culture Lega : les objets d’art liés au bwami

Chez les peuples Lega, l’association bwami assurait la cohésion et la collaboration entre les villages. Elle a ainsi créé une forme d’organisation sociale et politique non centralisée. L’association bwami reposait sur une organisation hiérarchique. Les niveaux inférieurs s’occupaient de l’éducation morale des jeunes hommes. Les niveaux supérieurs n’étaient accessibles qu’aux hommes et aux femmes qui menaient une vie exemplaire et étaient prédestinés à assumer une fonction dirigeante au sein de l’association et du village. Les hommes ne pouvaient monter au plus haut niveau de la hiérarchie que si leurs épouses étaient initiées dans les grades féminins équivalents.

Les figurines en ivoire renvoyaient à des proverbes et avaient un rôle didactique. La dureté de l’ivoire représentait la continuité et des pouvoirs de guérison y étaient également attribués. Les figurines étaient transmises d’une génération à l’autre et acquéraient ainsi une patine douce et brillante très appréciée.

  • Statuette Iginga Lega EO.1955.3.136
    Pangi, Maniema
    Collectée par Biebuyck, 1952

  • Statuette Iginga Lega EO.0.0.38610
    Sud-Kivu
    Achetée à A. Van Hooren, 1939

  • Statuette Iginga Lega EO.0.0.38694
    Sud-Kivu
    Achetée à A. Van Hooren, 1939

  • Statuette Iginga Lega EO.1955.3.102
    Pangi, Maniema
    Collectée par Biebuyck, 1952

  • Statuette Lega EO.0.0.38582
    Achetée à A. Van Hooren, 1939

  • Statuette Kalimbangola Lega EO.0.1959.35.2
    Maniema
    Achetée à A. Van Loo, 1959

  • Statuette Kamwenne ku masengo Lega EO.0.1955.3.150
    Pangi, Maniema - Alstonia congensis
    Collectée par Biebuyck, 1952

  • Statuette Wabalenga Lega EO.1955.3.145
    Pangi, Maniema
    Collectée par Biebuyck, 1952
    Cette figurine était un bien collectif. Elle représente Wabalenga “celui qui surpasse tout le monde”, l’initié supérieur sans qui il n’était pas possible de progresser au sein de l’association bwami.

  • Figurine animale Lega EO.1951.11.40
    Maniema
    Achetée à Mrs. Lemborelle, 1951

  • Figurine animale Lega EO.1951.11.41
    Maniema
    Achetée à Mrs. Lemborelle, 1951

  • Figurine animale Lega EO.0.0.38719
    Sud-Kivu
    Achetée à A. Van Hooren, 1939

Les masques bwami renvoient aux membres exemplaires du bwami des générations précédentes. Ils étaient surtout utilisés dans des installations didactiques pour les initiés des grades supérieurs. Pendant les rituels, ils étaient tenus devant le visage, ou contre la tempe, la nuque ou l’épaule. Les masques en ivoire étaient appelés “crânes paternels” et servaient pendant les enseignements sur la mort.

  • Masque Muminia Lega EO.1955.3.1
    Pangi, Maniema - Coelocaryon preussi
    Collecté par Biebuyck, 1952

  • Masque Lega EO.0.0.38753
    Maniema
    Acheté à A. Van Hooren, 1939

  • Masque Lukwakongo Lega EO.1955.3.4
    Pangi, Maniema - Crossopteryx febrifuga
    Collecté par Biebuyck, 1952

  • Masque Lukwakongo Lega EO.1962.46.1
    Pangi, Maniema - Alstonia congensis
    Acheté à Nicolas de Kun, 1962

  • Masque Lukungu Lega EO.0.0.38741
    Sud-Kivu
    Acheté à A. Van Hooren, 1939

  • Cuillère Kalukili Lega EO.1959.35.7
    Maniema
    Acheté à A. Van Loo, 1959

  • Cuillère Kalukili Lega EO.1953.29.4
    Sud-Kivu
    Achetée à M. Delorme, 1953

  • Cuillère Kalukili Lega EO.1955.3.94
    Shabunda, Sud-Kivu
    Collectée par D. Biebuyck

Les villages qui collaboraient sur une base d’égalité étaient beaucoup plus difficiles à intégrer dans le système colonial que les royaumes centralisés. Les autorités belges considéraient dès lors que les institutions bwami ne constituaient pas une base solide pour la gouvernance indirecte : elles les jugeaient trop incontrôlables, arriérées et suspectes. En raison de leur caractère fermé, elles étaient souvent considérées comme des associations “secrètes”, voire comme une forme organisée de résistance. En 1947, les autorités coloniales ont interdit toute les initiations bwami. Toutefois, certains fonctionnaires coloniaux sympathisaient avec les pratiques bwami et les toléraient.

Statues moralisatrices Lega

Les associations Lega n’avaient pas d’autorité centrale mais étaient dirigées par une association structurée de façon hiérarchique : le bwami. Celui-ci comprenait différents grades, dont les plus élevés n’étaient accessibles qu’aux couples mariés. Pendant les initiations, des installations éducatives composées de statues et d’objets symboliques étaient utilisées. Chaque statue représentait le personnage d’une métaphore ou d’un aphorisme et avait son propre nom. Elles servaient à enseigner les comportements moralement acceptables, et le rôle des hommes et des femmes au sein du mariage et de la société.

  • Statuette Wayinda Lega EO.1955.3.75
    Shabunda, Sud-Kivu
    Collecté par D. Biebuyck, 1952
    Offert par l’Institut pour la Recherche scientifique en Afrique centrale, Lwiro, 1955
    Ce personnage est Wayinda, une femme adultère tombée enceinte de son amant et ayant attiré ainsi la malédiction sur sa propre personne et sur sa famille. La statue évoque un proverbe : “Wayinda s’est tuée elle-même par souillure rituelle”.

  • Statuette Kakulu Lega EO.0.0.35409
    Kunda, Maniema
    Offerte par R. Baude, 1934
    Cette statue représente probablement Kakulu, “le malheureux époux trompé”. Il est le mari de Wayinda enceinte de son amant ou de Mukobania, la séductrice frivole qui aime semer la discorde.

  • Statue Mutu Nyabeidilwa Lega EO.1955.3.42
    Pangi, Maniema
    Collecté par Biebuyck, 1952
    Offert par l’Institut pour la Recherche scientifique en Afrique centrale, Lwiro, 1955
    Cette statue représente une femme qui ne cesse de fuir son mari et de retourner dans sa famille. Elle renvoie à un proverbe : “Calao a été surprise la nuit. Où qu’elle aille, elle doit toujours être rappelée à la maison.”

  • Statue Katanda Lega EO.1955.3.40
    Pangi, Maniema
    Collecté par Biebuyck, 1952
    Offert par l’Institut pour la Recherche scientifique en Afrique centrale, Lwiro, 1955
    Cette statue représente Katanda, une mauvaise femme adultère. Elle est tout ce qu’une femme bwami honnête ne doit pas être.

Les devins-guérisseurs en République démocratique du Congo

Les catastrophes naturelles, épidémies et autres coups du destin étaient généralement considérés comme des maladies sociétales. Celles-ci étaient à leur tour attribuées à une relation perturbée avec le monde des esprits. Pour éviter de tels malheurs et pour assurer le bien-être de la société, les chefs et aussi les gens ordinaires recouraient aux services de devins-guérisseurs, qui intervenaient en tant que médiateurs auprès du monde surnaturel.

Pour communiquer avec les esprits, le devin-guérisseur frappe en rythme sur un petit tambour à fente. Chez les peuples Yaka, chaque devin-guérisseur avait son propre esprit protecteur, qu’il invoquait à chaque rituel.

  • Tambours à fente masculin et féminin Yaka
    Gingungi, Kwilu
    Collectés par J. Thienpont, collection de l’ordre des Jésuites

Les peuples Kuba considéraient certains animaux comme des messagers du royaume des esprits. Un grand nombre de leur statuettes de divination représentaient ces animaux. Le devin-guérisseur frottait le dos de la statue avec un disque en bois tout en posant des questions. Lorsque le mouvement bloquait, il l’interprétait comme une réponse des esprits.

  • Oracle à friction Itombwa Kuba EO.0.0.20145
    Kasaï - Crossopteryx febrifuga
    Acheté à H. Pareyn, 1917

  • Oracle à friction Katatora Luba EO.0.0.23472
    Katanga - Crossopteryx febrifuga
    Acheté à la veuve de J. Michaux, 1919

  • Oracle à friction Katatora Luba EO.1980.2.1616
    Katanga
    Ex J. Walschot, 1980

Le devin-guérisseur et son client introduisaient chacun un doigt dans la partie creuse desobjet de divination Katatora. Pendant qu’ils le frottaient ensemble sur une natte, le devin-guérisseur interrogeait son client sur les causes du malheur qui l’avait frappé. Sous l’influence des esprits des ancêtres, l’objet effectuait des mouvements qui étaient ensuite interprétés par le devin-guérisseur.

L’association lemba dans le Mayombe

Lemba était une association rituelle active jusqu’au début du XXe siècle au nord du fleuve Congo inférieur. Lorsqu’une personne était admise dans l’association, cette adhésion s’accompagnait d’un mariage. En outre, un objet de force était confectionné en vue d’être utilisé par la suite dans des rituels de guérison. L’accès à l’association lemba était très coûteux, car il fallait offrir à boire et à manger à des centaines d’invités. Dans une société où l’égalité était une valeur importante, ce type de générosité contribuait à atténuer les conflits sociaux. L’investissement dans un moyen curatif était également bon pour l’image des riches membres du lemba, car il les protégeait contre la jalousie des autres.
Différents objets lemba représentent un couple marié. Leurs attributs et les postures qu’ils adoptent symbolisent la richesse, l’autorité et leur initiation aux arts rituels.

  • Objet de force, représentation d’un couple lemba Yombe EO.0.0.42920
    Mayombe
    Offert par L. Bittremieux, 1946

  • Objet de force, représentation d’un couple lemba Vili EO.1979.1.259
    Djéno, Kouilou
    Collecté par E. Dartevelle, 1938.

Art tribal africain et initiation mukanda

Aujourd’hui, les garçons luvale sont généralement initiés durant les vacances scolaires. Les mascarades makishi de fin d’initiation ont évolué jusqu’à donner lieu à de grandes fêtes et à des rassemblements sociaux et politiques importants. Parfois, les festivités éclipsent même l’objectif initial de l’école mukanda : l’éducation et l’enseignement.

  • Masque Nyau Chewa EO.2002.2.1
    Province du Sud, Zambie
    Collecté par B. Wastiau, 2002

  • Masque Katoyo Luvale EO.2002.2.41
    Province du Sud, Zambie
    Collecté par B. Wastiau, 2002
    Avec son nez pointu et sa moustache raide, ce masque représente un Européen. Il était utilisé lors des danses pour représenter les Européens comme des être gauches aux habitudes sexuelles étranges.

Art du Kongo Central et d’Angola

Dans la région du Mayombe (province du Kongo-Central), l’éducation des garçons comme des filles s’accompagnait d’une phase rituelle qui se déroulait dans un lieu isolé. Les garçons allaient à l’école khimba, un camp dans la forêt où ils recevaient l’enseignement d’un maître ainsi qu’un nouveau nom khimba. Les filles qui avaient atteint l’âge de se marier allait vivre dans la maison kumbi, où la vie de femme adulte leur était enseignée. Parfois, leur futur époux passait leur apporter des cadeaux.

  • Sceptre de danse Kongo EO.0.0.35045
    Muanda, Kongo-Central - Crossopteryx febrifuga
    Offert par L. Bittremieux, 1933
    Ce sceptre de danse khimba accompagnait la procession des garçons qui retournaient au village après leur séjour dans le camp en forêt. Il représente les deux garçons qui quittent le camp les premiers.

  • Fragment d’un montant de lit kumbi Yombe EO.0.0.35776
    Kangu, Kongo-Central - Adansonia digitata
    Offert par N. De Cleene, 1934
    Le lit dans la maison kumbi était orné de statuettes de filles et de leurs futurs époux. Leurs oncles maternels négociaient la dot.

Au début de la période coloniale, bien avant la reconnaissance de l’art africain en tant que tel, les statues de maternité de la région du Mayombe étaient très recherchées des collectionneurs. Les missionnaires et les médecins appréciaient particulièrement la manière dont elles exprimaient l’amour et le dévouement maternel. Les statues n’étaient pas tant collectionnées pour leur valeur ethnographique que pour leurs qualités artistiques. C’est pourquoi elles étaient souvent astiquées.

  • Statue de mère et enfant Pfemba Yombe EO.1948.371
    Mayombe, Kongo-Central - Nauclea pobeguinii
    Offerte par L. Bertrand, 1948
    Cette statue soigneusement astiquée a les yeux blancs accentués encore par des incrustations de verre en demi-lune. Le couvre-chef de forme mitrale est fréquent chez les statues phemba.

  • Statue de mère et enfant Pfemba Yombe EO.0.0.19848
    Mayombe, Kongo-Central - Celtis durandii
    Achetée à N. Arnold, 1917

  • Statue de mère et enfant Pfemba Yombe EO.0.0.24662
    Mayombe, Kongo-Central - Nauclea latifolia
    Ex J. De Briey, 1920

  • Statue de mère et enfant Yombe EO.1961.11.5
    Mayombe, Kongo-Central
    Achetée à J. Walschot, 1961
    Cette statue de mère et enfant est d’une taille inhabituelle et entièrement teinte en rouge. Les scarifications et les dents renvoient à l’idéal de beauté féminine des peuples yombe.

  • Statue de mère et enfant Vili EO.0.0.16610
    Cabinda, Angola
    Acquise avant 1898

  • Statue funéraire Ntadi Kongo EO.1953.32.24
    Noqui, Angola
    Achetée à R. Verly, 1953

Fertilité et autorité

Pour la plupart des habitants d’Afrique centrale, le fait d’avoir des enfants est un aspect important d’une vie accomplie. En témoignent les nombreuses statues de maternité réalisées par des artistes de régions et de périodes différentes.
Elles renvoient naturellement à la fertilité et à la reproduction, mais aussi, de manière plus générale, à la survie de la société, ce qui était l’une des responsabilités rituelles du chef. Ainsi les statues de maternité étaient-elles aussi souvent associées au pouvoir politique.

  • Mortier à tabac en forme de mère avec son enfant EO.1953.74.5465
    Tshikapa, Kasaï - Rubiaceae
    Collecté par A. Maesen, 1955

  • Statue de mère et enfant Luluwa EO.0.0.7157
    Kasaï-Central - Balanites wilsoniana
    Achetée à De Bruyn, 1912

Les statues pindi représentent souvent un homme et une femme, qui porte un enfant. Les chefs Mbala invoquaient la force de ces statues en cas de guerres, de mauvaises récoltes, d’épidémies ou de catastrophes naturelles. Les statues pindi jouaient également un rôle dans les rituels de succession et lors de l’intronisation d’un nouveau chef.

  • Statue de mère et enfant Mbala EO.0.0.16605
    Kwilu
    Acquise avant 1898

  • Statue de mère et enfant Yaka EO.0.0.44737
    Kwango - Crossopteryx febrifuga
    Offerte C. Elter, 1947

  • Statue de mère et enfant Yaka EO.0.0.35922
    Kwango
    Achetée à J. Javaux, 1935

  • Statue de mère et enfant Khosi Yaka SJ.388
    Ngowa, Kwango
    Collectée par J. Van Wing

  • Statue de maternité EO.1979.1.221
    Maquela do Zambo - Crossopteryx febrifuga
    Collectée par E. Dartevelle, 1938

Figures Mankishi : statues protectrices de la fertilité

Les peuples Songye avaient des statues dotées de forces particulières (mankishi, sing. nkishi). Ils les utilisaient pour guérir les maladies et se protéger. Les mankishi de petite taille servaient à résoudre des problèmes personnels ou familiaux. Les grands mankishi protégaient la société des accidents et de la sorcellerie. Ils assuraient la fertilité des femmes et aidaient les esprits des ancêtres à se réincarner dans les corps des nouveaux-nés.

Les grands mankishi étaient généralement commandés à des sculpteurs de renom et servaient au village durant de nombreuses générations. Ils étaient activés au moyen de substances dotées de forces naturelles introduites par le nganga dans des cavités pratiquées dans la tête et le ventre de la statue. Le nganga est l’expert rituel capable de communiquer avec le monde des esprits.

  • Objet de force Nkishi Songye EO.1980.2492
    Lomami
    Ex J. Walschot, 1980
    Les baguettes incurvées de nkishi renvoient probablement à la créature mythique de “l’arc-en-ciel”. Il capte les esprits des défunts au moyen de deux crochets et les renvoie à la terre, où ils se réincarnent dans les corps des nouveaux-nés.

Masques de bois et de fibres

  • Masque Yaka EO.0.0.31424
    Kwango - Alstonia congensis
    Ce masque était tenu devant le visage à l’aide d’une poignée. La maisonnette évoque le futur logement des garçons initiés, prêts désormais à fonder une famille et à procréer.

  • Masque Kamdaandzya Yaka SJ.1327
    Kingunda, Kwango
    Collecté par A. Pauwels. Collection de l’ordre des Jésuites, 1929.
    Ce masque en fibres représente Tsetsi, une petite antilope rusée qui, dans les fables, échappe toujours aux prédateurs. Pendant le mukanda, elle faisait figure d’exemple pour les garçons.

  • Masque-heaume Suku EO.0.0.15374
    Kindundu, Kwilu - Ricinodendron heudelotii
    Offert par la Compagnie du Kasaï, 1913
    Les artistes des peuples Suku réalisaient d’élégants masques à visage blanc et les décoraient avec des scènes représentant des humains, des oiseaux ou d’autres animaux.

  • Masque Kisokolo Nkanu EO.1991.21.2
    Kimvula-Madimba, Kongo-Central
    Créé par Ignace Magebuka, 1991
    Acheté à A. Van Damme, 1991
    Kisokolo représente un coureur de jupons. Son nez recourbé est un symbole phallique. À la fin du mukanda, il dansait avec le masque féminin makemba en effectuant des mouvements sensuels.

  • Masque Ndeemba Yaka EO.0.0.1929-2
    Popokabaka, Kwango - Alstonia congensis
    Offert par A. Verhavert, 1910
    Le nez de de ce masque représente une trompe d’éléphant, symbole de virilité. À la fin du mukanda, il était coupé et brûlé. Les cendres étaient utilisées comme amulette de fertilité lors du mukanda suivant.

  • Masque Kakuungu Suku EO.0.0.26520
    Gingungi, Kwilu
    Offert par J. Van Wing, 1922
    Ce masque Kakuungu, était porté par les maîtres initiateurs. Il effraie et impose l’obéissance tout en protégeant les garçons contre la sorcellerie. Le jour de la circoncision, Kakuungu encourageait les garçons à se montrer courageux.

  • Masque-heaume Hemba Kwese EO.0.0.37175
    Kikwit, Kwilu - Ricinodendron heudelotii
    Offert par J. de Decker, 1937
    Ce masque-heaume, qui recouvre entièrement la tête du danseur, est typique des peuples hemba. Il a été réalisé dans un bloc de bois évidé.

  • Masque Gitenga Pende de l’Ouest EO.1980.2.1162
    Kwilu
    Ex J. Walschot, 1980
    Gitenga était le meneur d’un groupe de masques aux yeux exorbités et vêtus de filets. Ensemble, ils semaient la terreur dans le camp. Gitenga représente le soleil couchant et symbolise la régénération.

  • Masque Pwo Chokwe EO.0.0.32510
    Région de Tshikapa, Kasaï - Alstonia
    Offert par A. Gohr, 1930
    Ce masque représente la femme idéale mais était porté par un homme. Pwo porte de superbes scarifications et des dents limées (deux signes de beauté) et est un être surnaturel bienveillant.

  • Masque Luluwa EO.0.0.3341-3
    Kasaï-Occidental - Alstonia congensis
    Acheté à H. Pareyn, 1911
    Les peuples Luluwa ont repris les pratiques et les masques du mukanda de leurs voisins Chokwe. À la fin de l’initiation, ce masque chassait les mauvais esprits au moyen de son épée.

La collection d’art africain Aloïs Tembo

Aux environs de Kangu, un village de la région du Mayombe (province du Kongo-Central), une collection unique de statues de force a été constituée en 1915. Ces objets, qui se représentent sous des formes humaines, animales et autres, avaient été données par leurs propriétaires à la mission catholique. Aloïs Tembo, un catéchiste local, a consigné le nom de ces statues et noté celles qui étaient utilisées à des fins divinatoires, médicinales ou de protection spirituelle.

  • Statue de pouvoir Nkisi Manyangu Yombe EO.0.0.22485
    Mayombe
    Achetée aux Missionnaires de Scheut, 1919
    Ce nkisi impressionnant était connu sous le nom de Manyangu. Il provoquait le lubanzi chez ses victimes, une maladie qui s’accompagne de points de côté et de difficultés respiratoires.

  • Statue de pouvoir Nkisi Mambuku Mongo Yombe EO.0.0.22438
    Mayombe
    Achetée aux Missionnaires de Scheut, 1919
    Mambuku Mongo était un nkisi qui se présentait tantôt sous forme humaine, tantôt sous forme non figurative. Il était surtout utilisé à des fins divinatoires, mais il pouvait aussi donner des maux de tête ou même provoquer la folie. Les propriétaires étaient souvent des femmes qui dansaient, chantaient, secouaient des hochets et reniflaient la statue pour savoir ce que le nkisi avait à dire.

Renommée et prestige : art royal Kuba

Grâce aux premières collections d’art kuba et aux ouvrages des premiers anthropologues tels qu’Émil Torday (1875-1931), celui qui a acquis la statue ndop du roi Miko miMbul, les milieux européens ont rapidement pris conscience que les peuples kuba avaient une culture matérielle très développée. Cette réputation a contribué à ce que le royaume kuba puisse conserver une position relativement autonome au sein de l’état colonial. La cour kuba entretenait aussi des contacts avec le monde extérieur. Ainsi, Mbop Mabinc maKyeen, qui a régné de 1939 à 1969, a reçu à plusieurs reprises des visites royales européennes et entretenait une correspondance avec des personnes en dehors du Congo.

Les ndop sont des statues commémoratives pour les rois (nyim). L’identité du roi est indiquée par l’ibol, le symbole personnel de sa royauté, représenté devant lui. Ce ndop représente le roi Miko miMbul, qui a régné au début du XIXe siècle. Son ibol est parfois interprété comme représentant une jeune esclave.

  • Statue royale Ndop Kuba EO.0.0.27655
    Mushenge, Kasaï - Crossopteryx febrifuga
    Collectée par Mr. Vandenabeele. Offert par les Amis du Musée, 1924

  • Coupe anthropomorphe Kuba EO.0.0.2555-7
    Kasaï-Occidental
    Acquise avant 1898
    Ce récipient a la forme d’une tête humaine. Les jambes sont directement rattachées à la nuque. Les détails du visage rappellent le style de certains masques kuba.

  • Appui-tête Kuba EO.0.0.19224
    Kasaï-Occidental - Crossopteryx febrifuga
    Collecté par J. Maes, 1914
    Des objets utilitaires de la vie quotidienne, comme les appui-têtes, témoignent eux aussi de la maîtrise atteinte par les artistes kuba sur le plan de la conception, du jeu des lignes et des volumes.

La liste d’objets présentés dans cet article n’est bien entendu pas exhaustive et nous vous encourageons à visiter le Musée royal de l’Afrique centrale afin d’en découvrir les chefs d’œuvre. Les collections ne se limitent d’ailleurs pas aux objets d’art tribal mais comportent également un échantillon des richesses minérales et biologiques de la République démocratique du Congo ainsi qu’une aile dédiée à l’histoire coloniale belge.