MASQUES : des joyaux du musée du quai Branly - Jacques Chirac exposés à la Cité Miroir à Liège
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Des masques africains… entre autres
Faisant suite à Barheïn, Pékin et Tokyo, Liège accueille cette année à la Cité Miroir l’exposition MASQUES du musée quai Branly - Jacques Chirac, composée de plus de 80 masques issus des cinq coins du monde.
L&Z Arts vous livre un petit compte-rendu des trésors que vous pourrez y découvrir jusqu’au 20 juillet.
C’est au cœur de la remarquable structure des anciens Bains et Thermes de la Sauvenière à Liège qu’est venue s’installer l’exposition itinérante MASQUES mise sur pieds par le quai Branly. Dans un espace clos, à la lumière tamisée préservant l’intégrité des œuvres parfois vieilles de deux siècles, le visiteur est encerclé par des rondeaux de masques répartis selon les régions. Une ambiance sonore accompagne ces objets rituels en vue de les contextualiser.
De l’universalité du masque
Une exposition comme celle-ci permet au visiteur, novice ou expert, de (re)découvrir la richesse et les variations stylistiques du masque à travers le monde, mais elle offre aussi à tout un chacun l’opportunité d’une étude comparative sur l’usage et la signification du masque selon les cultures et, dirais-je même, à l’intérieur de chaque culture, selon les groupes ethniques où les rites peuvent fortement varier sur de petites distances. Si l’on peut facilement identifier de grandes différences de styles et d’usages, force est de constater néanmoins que, malgré les distances, l’Homme reste Homme, et partout, son espace civilisé traditionnel s’oppose au monde sauvage habité par les esprits. Dès lors, certaines thématiques transcendent les océans et les continents pour se traduire de façon remarquablement similaire dans deux villages séparés par des milliers de kilomètres.
Comme le disait Samuël Glotz (fondateur du Musée du masque, Binche), on ne peut qu’être frappés par l’extension spatiale et diachronique du masque : toute l’humanité porte ou a porté le masque. Cet accessoire sans destination utile est plus répandu que l’arc ou la charrue. Si des civilisations ont prospéré tout en ignorant des objets élémentaires tels que la roue, elles connaissent le masque.
Cette universalité dans l’espace se double d’une autre universalité dans le temps. Le masque apparaît en effet dans les peintures rupestres du paléolithique, à l’aube de l’humanité, pour être finalement encore porté de nos jours un peu partout dans le monde.
Dans beaucoup de peuples à la civilisation traditionnelle, dont le mode de vie n’a pas encore ruiné les coutumes, ce caractère rituel est très manifeste. Afrique, Océanie, Asie, Amériques ; agriculture, justice, initiation, funérailles,… nombreux sont les occasions et lieux d’apparition du masque.
Le masque en Afrique
Masques de course Dan (Côte d’Ivoire) au faciès concave et aux grands yeux béants, masque de justice Kifwebe Songye (R. D. Congo) de la confrérie Bukushi, masque de rituel agraire représentant l’antilope Ci Wara, etc, autant d’objets aux formes et usages extrêmement variés.
Notons aussi la présence d’un masque casque Sowo (ou Nowo) des Mende en Sierra Leone, porté exclusivement par les femmes de la confrérie féminine du Sande ou Bundu, un cas unique en Afrique subsaharienne. La sélection de masques africains témoigne somme toute de l’extrême diversité des formes qui se manifeste dans l’art de sculpter des masques.
Médiateur, le masque intervient pour rétablir le lien rompu entre l’univers indompté de la forêt et l’espace humanisé du village. Il souligne aussi le passage de l’état de non-initié à celui d’initié.
Peut-être davantage qu’ailleurs, une dimension de mystère entoure les masques sur le continent africain. En raison de l’étrangeté de leurs formes et de leurs dimensions parfois imposantes, les masques font forte impression. Cette part de mystère s’illustre également dans le fait que, si les hommes disposent du bagage initiatique suffisant pour appréhender le sens profond des danses masquées, pour les femmes et les enfants, la méconnaissance de la préparation rituelle renforce encore cette notion d’apparition sacrée.
Le masque en Asie
Avant d’être repris par le théâtre et la danse, la fonction de ces masques dont la plupart, à l’origine au moins, étaient liés à des rituels religieux, est de montrer sous leur aspect visible des êtres surnaturels divinités, démons, animaux fantastiques. Des sujets pas si éloignés des représentations d’autres continents donc. Et comme les statues dans les temples, ils sont des objets sacrés car en eux repose la puissance des esprits qu’ils représentent. Le visiteur pourra observer des pièces provenant du Japon et de Chine mais aussi de pays plus discrets tels que le Nepal, le Vietnam, le Sri Lanka.
Le masque en Océanie
Les masques d’Océanie apparaissent lors des cérémonies dédiées aux morts et aux ancêtres fondateurs du clan. Ils sont aussi destinés à accompagner les rituels d’initiation des adolescents ou encore à invoquer les esprits de la nature et de la fertilité.
Les peuples d’Océanie puisent dans la nature les éléments qui composent leurs masques aussi beaux qu’inquiétants. Selon leur conception du monde, un même fluide vital anime les hommes, les animaux et les végétaux, ainsi étroitement liés les uns aux autres, comme des frères. Leurs masques ont de petites faces attendrissantes, placées sur les plus beaux ignames (sorte de grosse racine comestible) ou des yeux démesurés, des nez crochus, des formes extravagantes et, grâce à de hautes armatures, atteignent parfois plusieurs mètres de haut…
Indonésie, Papouasie, Malaisie, Mélanésie, Micronésie : une immense région composée de dizaines de milliers d’îles à la fois isolées et liées culturellement qui ont décliné leurs propres conceptions artistiques.
Le masque dans les Amériques
On aborde ici les masques d’Amériques centrale et latine ainsi que ceux des grandes contrées septentrionales du Nord du Pacifique et du Grand Nord, depuis l’Alaska jusqu’au Groenland, autour du thème de la parodie.
Dans le Nord, le masque, support de rêve et auxiliaire du shaman, joue un rôle catalyseur. Son apparition vise à dédramatiser l’autorité intimidante du shaman et l’intervention du sacré.
Plus au sud, dans les mascarades et carnavals, les fonctions de mime et de parodie du masque se prolongent dans la diablada bolivienne ou les masques tzotzil du Chiapas. Cette conception s’inscrit dans une démarche syncrétique, où traditions européennes et réminiscences de fêtes indiennes masquées se combinent pour réinterpréter cycliquement des événements historiques ou des faits marquants de la vie sociale.
C’est toujours avec un grand plaisir que nous partageons avec vous, par le biais de ce blog, nos visites. Je ne peux donc que vous encourager à vous rendre sur place pour découvrir et profiter pleinement de cette sélection d’œuvres.
Envie de prolonger cette expérience émotionnelle et culturelle ?
Rendez-vous à la côte belge pour la première exposition d’art tribal organisée par L&Z Arts à Ostende.
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