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Masque Mukinka Salampasu
Masque Mukinka Salampasu
Masque Mukinka, Salampasu, R. D. Congo, Masuika, Kasaï central
Provenance : collection particulière d'art africain C. De Meue, Belgique
Datation estimée : circa 1960
Dimensions : 32 x 17 cm
Matériaux : bois, cuivre, laiton, fibres végétales
Socle sur mesure : en supplément
Parmi les masques africains ne pouvant être possédés qu’après le matambu figure le célèbre mukinka qui se caractérise par ses ajouts de lamelles de cuivre.
À l’aube de son apparition, vraisemblablement au cours du XVIIIème siècle, le matambu consistait en une danse coûteuse exécutée après la mort d’un ennemi. Parmi les raisons premières justifiant sa tenue, se trouvaient la glorification de l’acte martial et la nécessité magico-religieuse de se prémunir contre les comportements vengeurs éventuels émanant de l’âme de la victime. Toutefois, comme l’organisation de la cérémonie était très onéreuse (au moins quinze à vingt chèvres) et qu’elle entretenait un rapport étroit avec la notion de valeur guerrière, très chère aux Salampasu, le matambu était l’occasion, pour celui qui le payait, d’acquérir un grand prestige au sein de son ikota, voire des ikota voisins.
À l’époque coloniale, durant laquelle les structures politiques salampasu furent profondément modifiées, il apparaît que le seul prestige social suscita la recherche de l’initiation matambu. De fait, hormis quelques cas très isolés dans les années 1930-40, l’homicide ne faisait plus partie des conditions nécessaires à la tenue de la danse.
Quelques mots sur la provenance de cette pièce :
Christian De Meue possède une petite galerie depuis des années. Les prémices de la collection De Meue remontent aux années 1960; le père Lucien De Meue, artiste peintre et restaurateur de tableaux reconnu, était installé dès les années 1950 dans les environs de l’avenue Louise à Bruxelles. À l’époque, il possédait quelques pièces d’art tribal dont Christian hérita par la suite.
Ce dernier, lui aussi restaurateur de tableaux, côtoya durant ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, des galeristes aujourd’hui renommés tels Marc Léo Felix. Il bourlingua et nourrit ensuite son appétit de collectionneur au fil du temps Ainsi, Christian voyagea avec l’intégralité de sa collection tout en la complétant (entre 300 et 400 pièces), passant par Penne-d’Agenais (France) puis par Terneuzen (Pays-Bas). Il finit par s’installer définitivement depuis le début des années 2000 à Zelzate. Christian se revendique avant tout collectionneur et non marchand.
Les Salampasu dans l’art tribal africain
Les soixante mille Salampasu vivent à la frontière entre la République démocratique du Congo et l’Angola. Ils ont maintenu de fortes relations commerciales et culturelles avec leurs voisins méridionaux, les Chokwé et les Lunda, à qui ils paient un tribut. Les Salampasu sont dirigés par des chefs assistés de chefs de territoires et villages. Cette structure hiérarchisée est contreblancée par la société des guerriers. Les Salampasu vivent de la chasse et de l’agriculture.
Leurs masques, très réputés, sont reconnaissables à leur front bombé, leurs yeux allongés, leur nez triangulaire et leur bouche rectangulaire laissant apparaître les dents. L’âge de ces masques peut être déterminé par des variations stylistiques. Le type le plus ancien porte des chéloïdes et une patine croûteuse rouge, un style plus tardif n’a plus ces scarifications tandis que le plus récent, présentant des traits simplifiés, est beaucoup plus épais. Quelques fois, le masque peut être recouvert de plaques de cuivre et porter des grelots de fibres végétales attachés à son menton. Ces masques étaient utilisés lors des cérémonies liées à la société des guerriers.