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BOZAR : incarNations - Exposition d'art tribal et contemporain africain à Bruxelles

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Fétiche à clous revisité de la série Twilight of the Idols - Kendell Geers, entouré d’un petit fétiche Nkisi et d’un crucifix Kongo.

Très prochainement se clôturera l’exposition d’art africain incarNations African Art as Philosophy installée à Bruxelles depuis la fin du mois de juin. Découvrez le contenu de cette exposition originale en images.

Dans les grands halls Horta du Palais des Beaux-Arts, le visiteur découvre l’art africain hors du prisme occidental. On y adopte un point de vue afrocentré, loin de toute vision esthétique unilatérale et ethnographique. Un parcours interactif se déroule de salle en salle, mêlant tableaux, œuvres photographiques, audiovisuelles, et sculptures issues d’artistes africains contemporains, ponctué d’objets d’art tribal des plus classiques.
Les œuvres contemporaines ont été soigneusement sélectionnées par l’artiste sud-africain Kendell Geers parmi une collection prestigieuse : celle de l’homme d’affaire congolais passionné depuis l’enfance, Sindika Dokolo. Les pièces d’art tribal proviennent quant à elles de noms bien connus parmi lesquels B. de Grunne, Y. Ferrandin, P. Mestdagh, B. Dulon, D. Claes, Sotheby’s,…

Du côté sensoriel, la visite se déroule au rythme de plusieurs vidéos dont, pour ne citer que lui, le très bon titre I fink u freeky réalisé par Die Antwoord, groupe que Marius Bosch décrit comme une “adorable entité bâtarde d’Afrique du Sud, issue de l’amour de plusieurs cultures, noires, blanches colorées”. Une ambiance sonore hip-hop rave indéniablement inhabituelle pour les férus d’expositions d’art ethnographique silencieuses et aseptisées qui apporte une expérience émotionnelle bien originale.

À l’origine de cette démarche, plusieurs questions. Qu’est-ce que l’art africain ? Existe-t-il ou s’agit-il de la projection d’un concept occidental masquant l’expression culturelle de ces objets ? Comment présenter ces objets de façon moderne et concordante dans le contexte de la création contemporaine ? La simple profusion de terminologies entourant ces œuvres (art tribal, art primitif, art nègre, art ethnographique, art traditionnel,…) permet de prendre la mesure de la tâche à accomplir.
Cette exposition est l’aboutissement de pas loin de dix ans de travail et de réflexion. Elle n’a cependant pas la prétention de vouloir ou pouvoir répondre à toutes ces questions.
Au travers de sa scénographie (réalisée par Bruno De Veth) et du choix des œuvres présentées, incarNations exprime la volonté de placer le spectateur dans une optique africaine avec un fil conducteur philosophique.

Remettre l’église au milieu du village… ou la mappemonde à l’endroit

L’exposition accueille le visiteur avec plusieurs cartes du globe placées à l’envers. La raison ? Pourquoi cette acceptation généralisée du monde présentant le Nord orienté vers le haut alors que notre planète n’est après tout qu’une sphère dénuée de sens flottant dans le vide sidéral ? Les cartographes européens dessinèrent dès les prémices une Europe placée au dessus et généralement supérieure à ses dimensions réelles conformément à la conception d’une supériorité de l’Occident sur le reste du monde en terme de culture et d’éducation. Le ton est donné, ou plutôt la perspective.

La réflexion qu’on peut même qualifier de revendication ne s’arrête pas là. Souleymane Bachir Diagne appelle à un renouveau de la mise en scène des objets. Celui-ci défend la thèse selon laquelle les musées ethnographiques sont une négation de l’art. L’ethnographie, originellement créée dans un contexte colonial, offre une approche purement scientifique de ce qui est extérieur. Bachir Diagne se réfère à Malraux qui théorisa cette séparation de la pièce en tant qu’objet d’intérêt visuel d’une part, et de son usage d’autre part. Malraux, qui désigne cette scission sous le terme de métamorphose, la considère pleinement accomplie lorsque l’art n’a plus d’autre fin que lui-même.

Dundo Project : l’Angola à la recherche de ses trésors

On l’aura compris, l’exposition place le visiteur au cœur de l’expérience africaine dans un monde occidentalisé, depuis l’esclavage jusqu’à l’ascension actuelle de l’art contemporain africain en passant par le Black Panther sans manquer d’aborder la question polémique de la restitution des œuvres d’art traditionnel à leurs pays d’origine. Dans ce contexte, on mentionnera l’incontournable projet Dundo auquel l’une des salles de l’exposition est dédiée : au centre, un petit masque Chokwe et un chasse-mouche Lwena trônent dans leurs cubes de verre entourés de murs couverts des fiches signalétiques d’objets autrefois exposés au Musée Régional de Dundo en Angola, ceux-là même qui furent pillés lors de la guerre civile (1975-2002). À la base, une initiative lancée par Sindika Dokolo qui a déjà permis l’identification de plusieurs objets, avec pour objectif leur restitution à l’Angola.

Projet Dundo - Identification et rapatriement des objets du Regional Museum of Dundo

L’exposition incarNations née d’une émotion ressentie par son initiateur se place quoi qu’il en soit à point nommé dans une démarche très actuelle alliant art classique et art contemporain africains. Une tendance qui semble partie pour durer et qui offre à la fois une reconnaissance méritée aux talents d’un continent étonnamment sous-estimé mais aussi un coup de jeune à l’approche qui entoure les objets traditionnels. Ainsi, à la rigueur pourrait-on dire archéologique de la vision européenne de ces pièces se substitue une démarche renouvelée intégrant une expérience philosophique mais aussi une Histoire vivante et en devenir.

 

Vous pouvez encore profiter de cette exposition jusqu’au 6 octobre 2019.
Palais des Beaux Arts
Rue Ravenstein 23
1000 Bruxelles
www.bozar.be