Statuette Luluwa, R. D. Congo
Provenance : Collection Frans M. Olbrechts, Belgique
Datation estimée : Première partie du XXe siècle
Hauteur : 14 cm
Matériau : bois

Très joli petit charme, statuette Luluwa à l’allure naturaliste. Cet objet provient de la collection du Professeur et anthropologue, Frans Maria, Olbrechts, dont le numéro d’inventaire est encore présent sur l’objet. En 1947, Frans Maria, Olbrechts fut nommé directeur du Musée du Congo belge à Tervuren.

Les Luluwa vivent, entre le Kasaï et le Sankuru, en province du Kasaï, organisés en petites chefferies gouvernées part des lignages autonomes. Pourtant, vers 1880, un chef, Kalemba Mukenge, tenta de réaliser une certaine unité politique. Il fit détruire les sculptures traditionnelles, liées aux anciens cultes magico-religieux, pour instaurer le nouveau culte lubuku. Les adeptes fumaient le chanvre et entraient en rêve. Jan Vansina (1965) écrit que “durant leurs songes ils voyaient leurs ancêtres ou bajangi qui leur promettaient la paix et la prospérité et leur donnaient des directives spirituelles”. Mais cette unité politique sous le chef Kalamba, basée sur un culte collectif, ne fut que brève. Les Luluwa retournèrent à leur tradition et il y eut à nouveau morcellement de pouvoir.

Dans la statuaire, le chef est souvent figuré. De nombreux insignes de pouvoirs indiquent le rang du personnage : peau de léopard, fixée à la ceinture ; diadème, coiffure élaborée ou couvre-chef ; longue barbe tréssée ; glaive à la main ; hanap accroché à l’épaule. Le corps de la personne du chef est en plus orné de tatouages : grains, chevrons, arcs de cercles, cercles concentriques,, volutes couvrant souvent le corps entier de la statuette et lui donnant l'aspect d’un bijou finement ciselé.

Les statuettes féminines sont nombreuses. Ce ne sont pas des figurines d’ancêtres mais elles sont liées au domaine magico-religieux. A. Maesen '(1960) signale que le culte Tshibola recrute des femmes “ ayant perdu plusieurs fois d’affilées un enfant en couches, en bas âge ou par avortement.”. Attribuant à ses malheurs une cause surnaturelle, la femme va consulter le devin qui lui apprend qu’elle est possédée par l’esprit Tshibola. Pour enfanter avec son bonheur, il ne reste plus à la femme qu’à se faire initier, se faire sculpter une statuette et remplir scrupuleusement les prescriptions rituelles. La croyance est que la négligence du culte Tshibola empêche un ancêtre de se réincarner au sein de son groupe de parenté. Le culte rendu à la statuette favorise la naissance d’un enfant et la protège durant sa petite enfance. Aussi, plusieurs figurines féminines Luluwa incarnent-elles des femmes enceintes ou des maternités.

Ces effigies sont portées par les femmes, sous la ceintures qui attache le pagne, ce qui explique que parfois elles ont l’aspect d’un buste se terminant en pointe. Ces images sont des femmes idéalement belles couvertes de tatouages et de bijoux pour amadouer l’esprit. La plupart sont enduites rituellement de poudre rouge qui leur procure une très belle patine.

Les Luluwa ont d’autres figurines magiques. Certaines, liées à la chasse ou à la divination, portent des remèdes dans des cornes ou de petites calebasses. La position accroupie est fréquente.