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Statue Lobi Bateba Ti Puo
Statue Lobi Bateba Ti Puo
Statue Bateba “Ti Puo”, Lobi, Burkina-Faso
Provenance : Collection Miklos Szoke, Belgique
Datation estimée : Circa 1940
Hauteur : 38 cm
Matériau : bois
Sur cette fascinante sculpture Bateba Lobi, les traits du visage aux angles vifs sont maitrisés et les lignes sobres du front, paupières, du nez, du menton et de la bouche, la qualité du regard fixé sur cet univers invisible confère à cette Bateba une sagesse inexpugnable et éternelle. Le regard de ces statuettes Lobi est étonnant de puissance et d’expressivité. Opaque, retranché sous de paupières saillantes, il semble captivé par une réalité invisible, mais poignante.
Parfois grotesques, souvent attendrissantes, toujours empreintes d’humanité, ces figures Bateba sont parmi les plus primitives, mais non les moins attachantes. Elles semblent témoigner, au-delà de la maladresse de certains de ces sculpteurs improvisés, de la précision du regard et de la force de leur concentration. La primauté conférée à la partie supérieure du corps est très nette. Toute la vie de ces statuettes est concentrée dans les bras et la tête. Les jambes ne sont que les supports massifs de ces visages refermés sur leur monde intérieur. La force d’expression de ce visage figé dans une éternité sans réponse est intacte, la sobriété et l’archaïsme de cette sculpture interpelle au-delà de l’espace et du temps. La position des fragments de bras surélevés semblent indiquer que les tentions vitales, y compris la douleur, ne peuvent jamais donner lieu au désespoir, à l’effondrement mais doivent constituer un acte de création, de communication intemporelle se déployant par-delà le temps et la matière.
La maîtrise stylistique permet alors des sophistications. Il ne s’agit plus d’un bout de bois vaguement humanisé par quelques coups d’outil adroitement placés, mais d’une véritable œuvre d’art, conçue et élaborée à partir d’une intention consciente et déterminée de durer et d’impressionner.
La stylisation parallélépipédique des membres des statues Bateba semble avoir été conçue à l’intérieur de formes géométriques simplifiées dont les détails sont ensuite travaillés, approfondis, pour donner à ces Bateba une réalité, une humanité très éloignée d’un cubisme désincarné. Un Bateba doit pouvoir être pris en main, montré sous toutes ses faces pour qu’il se révèle sous ses trois dimensions, chacune indispensable à l’harmonie et à la compréhension de l’ensemble.
L’inspiration des artistes, leur liberté et leur maîtrise du travail s’apparentent même à la statuaire raffinée des Égyptiens. Les Lobi sont un peuple de paysans nomades, sensibles aux influences extérieures qu’ils adoptent et transforment pour mieux les intégrer à leur forte identité socio-culturelle.
Origine et localisation
Les Lobi vivent dans une région d’Afrique de l’Ouest à la jonction des trosi pays, le Brukina-Faso, la Côte d’Ivoire et le Ghana.
L’histoire et les récits mythiques des Lobi font apparaitre ceux-ci comme d’éternels migrants. Originaire des rives de la Volta Noire, au nord-ouest du Ghana, les Lobi ont émigré par vague successives sur leur actuel territoire du Burkina-Faso ) partir de la fin du 18eme siècle.
La statuaire en bois
La sculpture Lobi est très riche et se pratique sur des supports variés tels que le bois, la terre, l’ivoire et les métaux. Elle produit des représentations et des objets destinés à des usages sociaux, religieux et rituels précis. On distingue ainsi des statuettes, les Bateba remplissant une ou plusieurs fonctions selon qu’elles représentent un corps humain ou un animal, des bâtons et des tabourets à fonction festives ou défensives, des poteries et divers objets en métal : fer ou cuivre, et quelquefois en ivoire.
Dans leur ensemble, les Bateba sont des statuettes qui, installées sur les autels, sont des auxiliaires très actifs des esprits invisibles, les Tbila.
Leur rôle est, d’une part, de lutter contre la sorcellerie, les mauvais sorts et la maladie et, d’autre part, d’apporter richesse, fécondité, mariage, force et bonheur à celui qui les détient sur son autel.
