Arts du Monde
Galerie L&Z Arts vous propose en plus de l’art africain, des objets d’art primitif issus de nombreuses régions : Asie, Amériques, Océanie, Europe. Les maîtres mots restent les mêmes chez Loiseau & Zajega : authenticité et qualité.
Monnaie de mariage Je Ndani
Monnaie de mariage Je Ndani
Monnaie de mariage Je, Ndani / Dani, Irian Jaya, Papouasie occidentale
Provenance : Collection privée, Ostende
Datation estimée : XXe siècle
Matériaux : Schiste vert, fibres d’orchidées, fourrure
Connues dans l’art tribal d’Indonésie (Papouasie occidentale) de la vallée de Wamena au sein du groupe Ndani, les pierres Je comme celle-ci sont connues pour être des monnaies de compensation matrimoniale.
Elles sont réalisées à base de pierre métabasite à amphibole accompagnée de divers éléments dont des fibres végétales (orchidées,…), fourrure, enveloppe de larve d’araignée,…
Les hommes Dani de la vallée de la Wamena en Papouasie occidentale possèdent des objets secrets, appelés ganekhe, qui sont conservés à l'arrière des maisons des hommes dans un placard spécifique. Ces objets sont puissants mais il faut, de temps en temps, renouveler leur pouvoir lors de cérémonies.
Parmi les ganekhe figurent de petites pierres plates, appelées habo ou ye-pibit. Elles sont très semblables dans leurs formes aux pierres d'échange appelées, elles, je. Mais contrairement aux je, elles sont éminemment sacrées, liées à des rituels masculins.
Elles portent des noms secrets et sont tenues cachées des regards des femmes. Les pierres je participent, elles, du système d'échange.
Au cours du temps, l'énorme production de ces pierres entraîna, suivant l'hypothèse d'Anne-Marie et Pierre Pétrequin, leur transformation en objets rituels. On constate ici un détournement d'une fonction technique (un certain nombre de ces pierres servaient à la fabrication de haches et d'herminettes) et sa transformation en objet survalorisé. Les pierres je sont obtenues d'un schiste vert provenant du massif de Yelema.
Polies et souvent frottées de graisse de cochon, elles sont parées d'une tresse en fibre d'orchidées et d'une ceinture en paille qui fait référence aux jupes portées par les femmes ou les jeunes filles.
Ces deux éléments renvoient au caractère féminin de ces pierres qui restent cependant sous le contrôle des hommes. Ces derniers voient dans ces pierres des os de Tinok, le héros civilisateur.
Posséder et contrôler la circulation de ces objets leur permet d'asseoir et d'affirmer leur pouvoir politique : « Ces haches échangées, ye-yao, deviennent alors clairement des représentations anthropomorphes, majoritairement féminines (les haches larges et minces), parfois masculines (les haches étroites à section épaisse ovalaire), telle que, dit-on, devrait être constituée la société idéale.? »
Ce sont donc des substituts de femmes, ou, plus exactement, des « femmes de la pierre ». Elles sont présentées en série sur des filets tressés lors des cérémonies d'échange, ou lors des mariages comme dot compensatoire.
Cette présentation, qui réunit des pierres mâles et des pierres femelles, devient alors la métaphore d'une famille idéale.