Bouclier kliau ou klau, Dayak, Bornéo, Indonésie

Provenance : collection privée, Belgique
Hauteur : 124 cm
Datation : avant 1940
Matériaux : bois, pigments

Ce type de bouclier traditionnel en bois léger nommé klau ou kliau, est renforcé horizontalement de quatre liens de rotin destinés à rendre rigide la mince planche, à la face externe toujours ornée d'un décor curviligne complexe.
L'élément central de ce décor est une tête de monstre, peut-être dérivée du kala indien qui possède les mêmes grands yeux circulaires et une bouche hérissée de crocs. Ce monstre, nommé udo(q) ou kambe selon Bernard Sellato, possède le pouvoir d'écarter les esprits malfaisants. On le retrouve sculpté sur les panneaux en bois des tombes ou sarcophages à ossements (sandung).
Les registres inférieur et supérieur montrent des paires de aso, sortes de dragons qui procèdent du serpent et du monstre marin indien makara, même s'ils sont appelés « chien ».
Au verso, autour de la poignée permettant la préhension, d'autres aso tordent leurs corps qui se terminent par des spirales aiguës. Ces peintures sont réalisées au moyen de chaux pour le blanc, d'ocre minérale pour le rouge et de noir de fumée. Les boucliers kenyah-kayan de ce type, assez nombreux, n'appartiennent qu'au large territoire qui dessine un demi-cercle autour du fleuve Mahakam. Par contre, les boucliers ovales des Iban, en vannerie, en écorce ou en bois (anciennement appelés Sea-Dayak) et ceux - peints - des Bidayu ou des Murut montrent des exemples, sont beaucoup moins connus.

Ce qui précède nous rappelle que les habitants de Bornéo, quoique collectivement désignés comme « Dayak » (signifiant « les gens des hautes terres »), constituent des groupes ayant en commun certaines croyances et certains éléments de culture matérielle, tout en cultivant des particularités trop souvent gommées à la faveur d'extrapolations faciles.