Archive Art Africain
Masque Kasangu Salampasu
Masque Kasangu Salampasu
Masque Kasangu, Salampasu, R. D. Congo
Provenance : collection Loiseau & Zajega, Belgique
Datation estimée : C. 1940
Dimensions : 32 x 58 cm
Matériaux : bois, corde
Masque Kasangu de la société Ibuku. Le front est bombé, l’expression du visage incisive, les dents sont pointues et finement ciselées. Petite réparation coté gauche à hauteur du front.
Avant d'obtenir le droit de porter ce masque tribal, le guerrier Salampasu doit tuer un ennemi en secret ou au combat. Le costume de danse est composé de corde de raphia nouée, de bandes de fibres et de peaux qui forment une jupe. À la taille, le porteur du masque arbore fièrement une épée avec une queue de singe attachée pour chaque homme tué.
La vie d’un homme chez les Salampasu était ponctuée d’initiations à diverses confréries qui contribuaient à son prestige et à son ascension sociale. Les masques interviennent dans diverses cérémonies de crise de la vie (de la naissance à la mort), ils divertissent et sont actifs dans la résolution des crises. Ils symbolisent également le rang et le titre au sein de la société et l'objectif est d'acquérir autant de masques que possible pour les porter à diverses occasions.
Salampasu
Pour la première fois, en 1903, le nom Salampasu apparaît dans un document écrit. Le commandant VERDICK, après s'être frayé un chemin à travers le territoire des Akaawand - de Muteng au sud jusqu'à la rivière Nyanji au nord, arrive le 4 juillet 1903 dans le pays des "Bakete de N'Sala N'Pasa" ("Bakete de Bava N'Pasa"). Il nomme d'ailleurs la colline Keeneewu des Aka Ndooro (908m) le "mont Sala N'Pasa"; le grand chef du coin est "Bumba des Basala N'pasa". Initialement donc, le terme Salampasu s'applique à la région de Luiza stricto sensu. En 1910, BRACQ mentionne les "Basala Mpasu dont le grand chef est Bumba-Bumba" . En 1937 toujours, lorsqu'on organise le Territoire en Secteurs, on réserve le nom Salampasu aux gens du nord: le 'Secteur des Basala Mpasu de Luisa'. Par après, l'administrateur étend l'ethnyme vers le sud jusqu'à la Lushinen, et vers l'ouest jusqu'au Kasayi. A partir de 1958, certains Salampasu marginaux se désengagent de nouveau: ceux de 1'entre-Lweta-Kasayi se disent désormais Mbala; ceux de l'en-tre-Luiza-Luluwa ont tendance à se rallier aux Kete. Nombreuses sont les explications de l'ethnyme 'Salampasu'. La première est de la main de JOBAERT, administrateur du Territoire de Luiza de 1921 à 1930: "ils tirent leur nom des tatouages totémiques en forme d'ailes de sauterelles dont ils s'ornent le front. DENOLF croit qu'il s'agit là d'une interprétation des Luba (1954:122-124). Pourtant, lui-même a noté chez les Kete le dicton suivant: "Nous sommes Kete avec des anneaux métalliques, eux sont Salu avec des tatouages" (Twetu tudi Makete ne bikanu, bobo badi Basalu ne nsalu. D'après BOGAERTS, ce nom n'a rien à voir avec les tatouages: les Sa-lampasu se diraient plutôt "nombreux comme des sauterelles. DENOLF et BOGAERTS croient que les tatouages proviennent de saignées répétées. Ce qui nous paraît inexact: pourquoi les saignées seraient-elles ré-servées aux seuls hommes? En effet, les tatouages frontaux sont le propre des hommes salampasu septentrionaux. Nous avons appris que les tatouages 44 étaient realises avec un hameçon, pour afficher la fureur, l'arrogance (bumbandji), vertus éminemment masculines dans toute la région. SERONT voit dans les tatouages une imitation des diadèmes de cauris, fréquents dans la région - mais surtout chez les femmes. Les Luba se seraient inspirés de ces mpashi des femmes pour nommer le peuple tout entier. Parfois on voit dans le nom Salampasu une référence à l'an-cêtre éponyme, Mpasu Mukishi. Selon une autre version, il s'agirait primi-tivement du nom totémique d'un petit groupement du nord, qui ne mange pas de sauterelles: Bastilla Mpasu. Ces deux dernières ex-plications reflètent les conceptions patriclaniques de voisins septentrio-naux. Encore un ethnyme douteux, somme toute. Un sobriquet d'origine luba ou du moins lubaphone, définissant toute une région par une particularité culturelle de certains de ses habitants: éventuellement les cauris des femmes (mpashi), mais probablement les tatouages frontaux des hommes du nord, interprétés comme des sauterelles (mpasu). Pour les Kongo et les Lwalu, les Salampasu n'étaient initialement pas connus comme tels: ils les incluaient dans les Mbala, "gens de l'est" (62). Culturellement d'ailleurs, Mbala et Salampasu sont similaires: tous deux se distinguent dans la pêche et la métallurgie, tous deux étaient actifs ra-visseurs de femmes et d'enfants, destinés à la vente (63). La plupart des auteurs sont d'accord pour attribuer aux Akaawand d'abord, et aux Salampasu ensuite, une réputation isolationniste. Elle est due, d'une part, à la résistance des Akaawand, et des Tukongo, aux ten-tatives de conquête par les Rund; d'autre part, à la peur que les peuples kasayiens ressentent envers les 'Salampasu', présumés méchants. L'iso-lement et l'homogénéité du peuple salampasu sont d'ailleurs tout relatifs. Ils n'ont pas empêché les Salampasu d'essaimer en dehors de leur habitat, essentiellement selon un axe est-ouest. Aujourd'hui encore, métallurgistes, pêcheurs, bouviers, mineurs salampasu sont fort estimés à l'est, jusqu'au Shaba.